Rafaële
Rivais
Vos
enfants veulent un petit animal ? Attention,
un chiot ou un chaton ne sont pas des jouets
! Il faudra, bien sûr, en prendre
soin, mais aussi prévoir un budget
santé, pour payer, au minimum, les
frais de vaccination, de tatouage et de
stérilisation. Pour un chat mâle,
nous avons déboursé 223 euros
chez un vétérinaire des Hauts-de-Seine
– 85 euros la vaccination, 53 euros le tatouage
et 85 euros la castration. Pour le tatouage
et la vaccination d'un chien, nous avons
versé 132 euros.
Les
tarifs de ce praticien se situent dans une
fourchette haute, si l'on en croit l'enquête
que publie le magazine Que choisir dans
son édition de février. Après
avoir recueilli plus de 7 000 tarifs (qui
sont libres) de 1 260 cabinets ou cliniques,
les journalistes du mensuel constatent que
le prix moyen des trois actes, pour un chat
mâle, s'élève à
172 euros (59 euros le vaccin, 51 euros
le tatouage et 62 euros la stérilisation).
Mais il est plus élevé de
20 % dans la région parisienne. Le
tarif moyen de la consultation de base s'élève
à 32 euros pour un chat et à
31 euros pour un yorkshire. Les animaux
rendent visite au vétérinaire
1,54 fois en moyenne par an, une fréquence
qui augmente avec l'âge.
Si
l'on a de petits revenus, il est possible
de payer beaucoup moins cher en allant dans
un dispensaire (cliquez
ici pour voir la liste) . La Société
protectrice des animaux (SPA) en compte
douze en France, dont un à Paris.
"Chez nous, un vaccin coûte 15
euros et la stérilisation d'un chat
mâle, 40 euros, mais les gens versent
ce qu'ils peuvent, en fonction de leurs
moyens", indique Isabelle Croville,
chargée du dispensaire parisien.
Les personnes qui viennent signent "une
attestation sur l'honneur qu'elles n'ont
pas les ressources suffisantes pour emmener
leur animal chez le vétérinaire",
sans qu'on leur demande de justificatif
fiscal. "Nous estimons que si elles
viennent attendre deux heures ici, où
c'est toujours plein, c'est qu'elles n'ont
pas les moyens de payer plus", explique
notre interlocutrice.
Le
principe est presque le même dans
les cinq dispensaires de la Fondation assistance
aux animaux, où, par exemple, la
vaccination d'un chat revient à 16
euros, sa castration et son tatouage à
42 euros et la consultation de base à
18 euros. "Cette participation finance
nos frais de fonctionnement (électricité,
personnel, chauffage), mais pas les actes
médicaux, qui sont gratuits",
précise Arlette Alessandri, la fondatrice,
en rappelant qu'elle ne reçoit pas
de subventions.
Les
vétérinaires à bas
prix n'ont pas toujours bonne presse auprès
du Syndicat national des vétérinaires
d'exercice libéral et du conseil
supérieur de l'ordre des vétérinaires.
En 2006, ces deux organismes ont attaqué
la Fondation assistance aux animaux pour
"concurrence déloyale".
Ils lui reprochaient de ne pas contrôler
les revenus des personnes qui se présentent
et de ne pas proposer de soins totalement
gratuits. Ils réclamaient à
la fondation 300 000 euros, la cessation
des soins payants et une astreinte de 10
000 euros par jour de retard. "C'est
comme si des magasins de meubles reprochaient
à Emmaüs de vendre de vieux
fauteuils !", s'exclame Gilbert Mouthon,
conseiller de la fondation.
Quelques
mois plus tard, toutefois, le Syndicat et
l'ordre se sont désistés de
leur action. "Ils ont compris qu'elle
était vouée à l'échec",
commente M. Mouthon, qui est aussi professeur
agrégé des écoles vétérinaires,
expert près la cour d'appel de Paris
et… ennemi juré du syndicat. Il estime
que, "à la différence
du reste de la profession, le syndicat préfère
les sous aux animaux".
Ce
professionnel trouve ainsi "anormal"
que les vétérinaires libéraux
puissent "à la fois prescrire
et délivrer" des médicaments
- antibiotiques notamment – "sur lesquels
ils prennent un bénéfice de
30 %". Nous avons ainsi payé
10 euros chez l'un d'eux une boîte
de 15 comprimés de doxycycline Mylan,
vendue 4,23 euros en pharmacie…
M.
Mouthon regrette en outre que les vétérinaires,
"sous l'effet du lobbying de leur syndicat",
ne puissent quasiment pas prescrire pour
les animaux de médicaments destinés
aux humains, pourtant beaucoup moins chers.
Un
autre vétérinaire, Gilbert
Zakine, a maille à partir avec le
conseil supérieur de l'ordre, depuis
que, à l'âge de 71 ans, il
a décidé de "faire du
social", en divisant ses honoraires
par deux ou trois. "Le conseil de discipline
de l'ordre d'Ile-de-France m'a condamné
à deux mois d'interdiction d'exercice,
au motif que j'avais imprimé 'véto
discount' sur mes cartes de visite sans
en demander l'autorisation", indique-t-il.
Il
a fait appel, ce qui est suspensif, en faisant
valoir que le code de déontologie
sur lequel se fonde cette condamnation est
contraire à la nouvelle directive
européenne dite Bolkestein, qui libéralise
la communication des prestataires de services.
Rafaële
Rivais
Le
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